Longitude 181 réaffirme et maintient la position vis à vis du shark feeding qu’elle conserve depuis sa création. Nous avons alerté sur sa dangerosité et lutté de pied ferme contre toute tentative de “légalisation”. Il faut malheureusement un accident, ô combien prévisible, survenu ce 17 mai 2020 en Polynésie française, pour espérer que les autorités fassent enfin mieux appliquer les lois en vigueur.
Rappel des faits : L’accident se serait produit lors d’une session de shark feeding à la Vallée Blanche à Faa’a (Polynésie française), une pratique interdite en Polynésie française. La victime, mordue à la jambe, a porté plainte. Le prestataire a été déferré jeudi au au tribunal de Papeete. Il sera jugé le 9 juin. voir le Reportage TNTV NEWS
Car, en Polynésie française, le nourrissage des requins est interdit par le code de l’environnement
En direct du terrain, écoutons Fred Thibur de Eleuthera Plongée, Centre Ambassadeur Longitude 181, qui interpelle les autorités locales sur ce sujet.
Pourquoi aura-t-il fallu ce bien triste fait divers ?
“Pourquoi les arguments que j’avance depuis tant d’années, supportés par Longitude181, la FFESSM, les organisations locales (vaa’a, surf, voile,…) n’ont-ils pas été entendus ?
Pourquoi les médias locaux ont-ils donc été si maladroits à suivre ce sujet, se limitant à l’opportunisme du scoop du sang versé ?
Comment peut-on valablement soutenir que le shark-feeding sert la cause du requin, alors même qu’il est source d’accidents ?
Pourquoi était-il malheureusement prédit qu’il faille que l’accident survienne pour que les décisions soient prises ?
Mes pensées se portent vers la victime qui, sur les conseils rassurants de ce centre de plongée (connu de tous), n’a pas vu le piège et le risque.
Pourquoi ce centre de plongée… a-t-il pu continuer àfaire la promotion de ses activités sur les réseaux sociaux sans qu’aucune action ne soit engagée à son encontre ?
Des mises en garde répétées qui n’ont pas été écoutées
Mes demandes, mes écrits, mes inquiétudes et mes relais sont restés sans réponse claire…
Je n’ai reçu en retour qu’insultes et noms d’oiseaux… et le silence sidéral des autorités.
Puisse ce triste évènement, dans la reconstruction d’un tourisme responsable et respectueux de la nature, voir enfin une position affirmée d’une Polynésie sensible à son environnement unique, à la culture d’une sagesse ancestrale où le requin et l’Homme se respectent…
La justice est saisie et suivra son cours à l’égard du centre de plongée.
Les décideurs polynésiens, eux, ont un challenge beaucoup plus noble : replacer l’humain dans son écosystème et offrir à ses visiteurs une terre d’inspiration.
Bien à vous tous”
Fred Thibur
Réflexions sur la pratique shark feeding en Polynésie française
Pour rappel, un extrait d’une intervention de Fred, le 10 mars 2019, à l’heure où les autorités faiblissaient sous la pression des “pros shark feeding” :
“Iaorana,
La première session de recyclage des moniteurs de plongée titulaires d’un diplôme délivré par L’État (BEES, DEJEPS) qui s’est tenue le mois dernier a mis en lumière la problématique du shark-feeding lors de l’intervention de la DIREN.
Bien que cela n’était pas prévu, il faut bien admettre que ce sujet a mis en évidence une incohérence dans la gestion d’un tel sujet qui implique plusieurs ministères de la Polynésie française et dont les décisions éventuelles affectent très directement le travail de salariés et de patentés œuvrant dans le milieu de la plongée sous-marine.
- Comment se fait-il que les ministères en charge de l’Environnement et de la Jeunesse et des Sports ne se soient pas consultés sur ce sujet ?
- Comment se fait-il que le territoire et ses services ne se soient pas assurés de l’avis de l’ensemble des centres de plongée (qu’ils soient pour ou contre une telle pratique) ?
- Comment une telle décision (puisqu’il semble bien que les arrêtés étaient prêts à être publiés) soit prise sur la foi de ceux qui sont “pour” ?
Est-il juste d’entendre que le ministère du tourisme fasse pression, y compris auprès de la DIREN, pour légaliser le shark-feeding et ceci sur le seul lobbying des promoteurs de cette pratique contestable et en totale violation du statut de sanctuaire de la Polynésie française ?
Acceptez ici que je me refuse à le croire, pour avoir rencontré Nicole Bouteau à plusieurs occasions et avoir été sensible et assuré de sa volonté de prendre des décisions ,une fois entendus les différents protagonistes.
Permettez-moi cependant de m’inquiéter que ce sujet, savamment écarté des avis des usagers traditionnels (= Polynésiens) de la mer (pêcheurs sous-marins, pratiquants du vaa’a, etc.), semble devoir être supporté depuis trop longtemps par un lobby pro “shark-business” totalement orienté vers le seul profit commercial.
Cette position est potentiellement acceptable si elle est totalement assumée et n’essaie de se justifier par un vernis scientifique et/ou éco-touristique détestable (assumez, assumez de faire profit de cette activité !).
Si tel devait être le choix du territoire de légaliser le shark-feeding, il est important que ce choix soit totalement assumé,
s’affranchissant de la position de sanctuaire défendue par la Polynésie,
avec un total mépris de la position des organisations telles que Longitude 181, Sea Sheperd Dive ou Project AWARE…
Alors que notre civilisation s’interroge à juste titre sur son avenir, la sagesse des anciens (ici et ailleurs) devrait nous conduire à mettre définitivement un terme à toute pratique de feeding des animaux sauvages (terrestres ou marins).
La Polynésie française offre encore l’opportunité d’observer les requins dans un environnement et un comportement naturels.
Pourquoi Tahiti devrait-elle s’offrir le luxe décadent d’un cirque sous-marin ?
Le delphinarium de Moorea ne suffit donc t’il pas à cette honte ?
D’autres options sont disponibles et tellement plus nobles pour faire de Tahiti une destination plongée d’exception…”
Et pour en savoir plus :
Position officielle sur le Shark Feeding
Position officielle interactions avec les animaux sauvages