Le Business des espèces marines menacées, épisode 1 : Les concombres de mer

L’association Robin des Bois ayant édité chez Arthaud en octobre 2019, un “Atlas du business des espèces menacées”, nous vous en livrons les extraits concernant les espèces marines dans une série d’articles à suivre au fil de nos Newsletters. Aujourd’hui, le concombre de mer…

Des magiciens dans la spirale de l’extinction

A l’âge de deux ans, les femelles libèrent en période de frai 1 à 10 millions d’oeufs et nourrissent ainsi d’innombrables espèces de poissons. Les concombres de mer recyclent les matières organiques issues de la décomposition des algues, des feuilles de posidonies et des autres formes de vie marine en fin de vie. Ils bêchent les couches supérieures des sédiments dans les lagons, les mangroves et les baies et luttent ainsi contre l’asphyxie de leur habitat et la prolifération de planctons toxiques tout en préparant le terrain à d’autres espèces benthiques. Un concombre de mer d’un poids moyen de 200 grammes crible, ingère, digère et rejette environ 50 kg de sable et de débris par an. Sans eux, les fonds marins deviennent durs comme du béton et stériles.”

La pèche s’intensifie

“La pêche déclarée était estimée à 25 000 tonnes sur l’Océan mondial en 1983, à 90 000 tonnes en 1989, à 130 000 tonnes en 1995. A la fin de la décennie 2010-2020, la pêche annuelle officielle est estimée à 400 000 tonnes, ce qui correspond à plus d’un millier de leurs congénères.”

A qui profite le crime ?

“Eviscérés, bouillis, salés, déshydratés, séchés et réduits à 40 000 tonnes de poids sec, ils sont mis en sacs et vendus en gros au prix moyen de 100 € le kilo pour les espèces les moins prestigieuses avec des pics à 2600 et 4000 € pour celles qui sont les plus recherchées. Vingt cinq pays les exportaient en 1989, quarante neuf en 2001, soixante dix huit en 2005. Partout, les concombres de mer sont pêchés, souvent dans des conditions indignes car si en bout de chaîne ils rapportent gros aux mareyeurs, aux trafiquants, à l’industrie gastronomique et parapharmaceutique, au départ c’est la misère, voire l’esclavage. Ainsi, au Nicaragua, une vingtaine de jeunes hommes de 15 à 20 ans sont embarqués sur des bateaux de 20 mètres de long et plongent jusqu’à 70 mètres de profondeur sans protocole de décompression pour les cueillir au fond de l’eau…il y aurait deux accidents de décompression par jour. Les morts sont banales…

Et pour quoi faire ?

Des toubibs asiatiques conseillent à l’humanité de les manger cuits et accompagnés de porc pour épurer le sang, de mouton pour guérir l’impuissance, l’incontinence urinaire et les crises de foie, et de champignons pour soigner la constipation et la sénilité. Heureusement, aucun sachant ou charlatan ne leur attribue pour l’instant la capacité de remédier à la bêtise. Mais une nouvelle vague déferle jusque dans les documents de l’Union Européenne faisant des concombres de mer des médicaments contre les cancers et pour le traitement du sida…Séchés et broyés, ils sont de surcroit censés guérir les rhumatismes des chats sous la marque SeaFlex dans des pays aussi avancés que les Etats-Unis.”

Et Nous ?

Longitude 181 prône depuis sa création, l’importance absolue de chaque entité qu’elle soit marine ou non sur cette planète. Elle met en avant en permanence, l’étendue faramineuse de notre méconnaissance de l’Océan et de son peuple, notamment au niveau de l’infini complexité des écosystèmes et des interactions inter espèces. Il n’y a pas de bon et de mauvais animaux, de beau ou de laids, chacun à le droit d’exister et sa place dans le vivant. Elle prône la connaissance et met en oeuvre un large programme “Sensibiliser pour protéger” incluant une Ocean Academy, véritable Ecol’Ocean pour les générations présentes et futures.

Découvrir le programme “Sensibiliser pour protéger”

Pour en savoir plus :

http://robindesbois.org/echoppe/?product=latlas-du-business-des-especes-menacees

Patrice BUREAU

Président de L181

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